Les femmes et les jeunes d’abord ?

Banque des Savoirs
Site internet de vulgarisation scientifique

La séculaire Académie des Sciences se modernise et prime davantage les jeunes et les femmes qu’auparavant. Une progression saluée par une lauréate de l’Essonne.

essai

L’Académie des Sciences décerne environ 80 prix par an aux scientifiques les plus méritants de l’hexagone. Cette année, 14 scientifiques de l’Essonne sont à l’honneur. 7 ont déjà reçu leur médaille lors d’une cérémonie en grande pompe à l’Institut de France le 13 octobre dernier. Le 24 novembre, les 7 autres profiteront du faste protocolaire des académiciens. Ce n’est pas tant pour l’argent – entre 1500 à 38 000 euros – que ces chercheurs reçoivent cette récompense. Mais plutôt comme signe de reconnaissance et gage de confiance pour l’avenir. Car il ne faut pas croire que seuls les chercheurs en fin de carrière reçoivent les honneurs. Même si la moyenne d’âge des lauréats de l’Essonne atteint 52 ans, l’Académie a récompensé Laurent Fargues, de l’Université d’Orsay, qui n’a que 34 ans. Anne Peyroche et Olivier Parcollet, deux chercheurs de du CEA de Saclay âgés de 38 ans, ont également reçu un prix.

Si la jeunesse est à l’honneur, la gent féminine aussi. En effet, les prix les plus prestigieux décernés aux scientifiques de l’Essonne ont été attribués à deux femmes : Marie-France Carlier-Pantaloni, du laboratoire d’enzymologie et biochimie structurale (LEBS) de Gif-sur-Yvette, et Christine Garban-Labaune, physicienne à l’Ecole Polytechnique de Palaiseau. Comme l’a souligné Jean Salençon, président de l’Académie des Sciences, le nombre de femmes reconnues pour leurs talents scientifiques ne cesse de croître. Les débuts ont été laborieux. En 1720, date à laquelle les premiers prix ont été décernés, aucune femme n’a été primée. Au début du XXème siècle, seuls 1 % des chercheurs récompensés étaient des femmes . Entre 1988 et 1996, le taux de lauréates atteignait 17% en moyenne. « La proportion de cette année, qui s’établit autour de 20 %, est cohérente avec la proportion de femmes parmi les directeurs de recherche du CNRS et de l’INSERM (environ 21 %) et parmi les professeurs d’université (environ 14 %) dans les disciplines scientifiques », a précisé Jean Salençon. Mais d’ajouter : « Il existe encore une bonne marge de progression ! ».

C’est aussi l’avis de Christine Garban-Labaune. Selon la lauréate, beaucoup de femmes scientifiquement méritantes ont du mal à se faire reconnaître. « C’est très difficile d’accéder à des postes à responsabilités au CNRS en tant que femme. C’est un monde très masculin. Je suis directrice de recherche au CNRS depuis plus de vingt ans et, malgré ce que l’on entend, je ne vois pas d’évolution significative ». La physicienne s’est penchée de près sur le problème de l’accessibilité des femmes aux carrières scientifiques avec Claudine Hermann, fondatrice de l’association Femmes & Sciences (lien : www.femmesetsciences.fr). Ce sont surtout les sciences dures qui peinent à recruter la gent féminine : « En terminale, il y a autant de filles que de garçons dans les filières scientifiques. Après le bac, les filles se tournent surtout vers la biologie, la médecine, la chimie, au détriment des mathématiques et de la physique ». Ce ne serait pas le manque d’appétit, mais bel et bien des mécanismes sociétaux très ancrés qui freinent les femmes vers ces disciplines.

L’Académie des Sciences, très traditionnelle, essaie de participer à sa mesure au changement des mentalités. Christine Garban-Labaune s’en félicite. D’ailleurs, le cœur même de cette institution évolue. Depuis 2002, la moitié des membres postulants doivent avoir moins de 55 ans. Il n’existe pas de quotas pour les femmes. A noter que la première femme Prix Nobel a fait son entrée à l’Académie des Sciences très récemment. Françoise Barré-Sinoussi, qui a participé à la caractérisation du virus du sida, a été élue membre le 24 février 2009. De quoi honorer la mémoire de Marie Curie. Prix Nobel en poche, celle qui a découvert le radium s’est vue boudée en 1911 par les académiciens de l’époque.

Aujourd’hui, combien de femmes siègent à l’Académie ? 20… sur un total de 240 membres. Le calcul est vite fait : seules 8 % des académiciens sont académiciennes. Oui Monsieur Salençon, il existe encore une bonne marge de progression !

Cet article a été posté le Monday, 26 October 2009 à 18:18 et est classé dans science. Vous pouvez suivre les réponses à cet article via le flux RSS 2.0. Vous pouvez aller à la fin et laisser un commentaire. Les rétroliens ne sont pas permis pour le moment.

 

Laisser une Réponse

Vous devez être connectés pour poster un commentaire.